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n°22 - Février 2022

Edito

Par Benoît Collard, secrétaire général de Symbiose

La biodiversité du sol, un nouveau terrain d'exploration !

Benoit Collard
Depuis 2012, SYMBIOSE s’est attachée à identifier les éléments structurant la mise en place d’une trame verte et bleue sur le territoire, diversifiée et cohérente, (voir les fiches techniques Aménagements et Pratiques) pour favoriser le développement des espèces, principalement celles vivant au-dessus du sol (pollinisateurs, avifaune, auxiliaires…).
Mais qu’en est-il des espèces innombrables parcourant le sol sous nos pieds ?
Un sol, c’est 5 % d’organismes vivants d’une grande diversité. Parmi ceux-ci, on compte 40% de champignons et d’algues dont le rôle est de décomposer les matières mortes et recycler le carbone en humus ou l’azote atmosphérique en nitrates. 43% de ces organismes vivant dans le sol sont des bactéries qui jouent un rôle essentiel dans les cycles du carbone, du soufre et de l’azote. La macrofaune constitue les 17% restants avec une prédominance des vers de terre (12% des organismes vivants).
Ceux-ci contribuent à structurer le sol, répartissent la matière organique dans les différents horizons et favorisent la dissémination des racines et la circulation de l’eau.
La vie du sol va donc dépendre de la richesse de sa biodiversité.
C’est pourquoi, il est indispensable de s’intéresser à celle-ci de très près pour son rôle de plus en plus important dans l’agroécologie de demain. Après la trame verte et la trame bleue, c’est donc vers la trame brune (biodiversité du sol) que vont s’orienter les travaux de Symbiose dès 2022, avec en premier lieu, des formations pour appréhender tous les enjeux liés à cette nouvelle trame.

ALORS PREPARONS NOS BECHES !

L’actualité de l’association

Partenariat URCA-Symbiose : démarrage de l’enquête exploratoire

URCA
Suite au partenariat scientifique signé entre Symbiose et l’URCA (Université Reims-Champagne-Ardenne) le 7 juillet 2021, Eva Guilman a été embauchée en novembre dernier pour conduire une enquête exploratoire jusqu’en aout 2022.
L’objectif est de capitaliser sur l’expérience de l’association via la rédaction d’un bilan scientifique portant sur l’approche territoriale de la biodiversité et les projets menés depuis sa création. A 23 ans, Eva Guilman est diplômée d’une licence de géographie d’aménagement du territoire et d’un master en géographie d’Agro Paris Tech. Elle souhaite poursuivre avec un doctorat en agro-écologie, d’où son intérêt pour la mission proposée par Symbiose et l’URCA.

Dans le cadre de ce partenariat, le laboratoire Habiter de l’URCA va très prochainement réaliser une enquête pour comprendre les conditions d'émergence et de diffusion territoriale des actions menées par l'association auxquelles vous contribuez ou dont vous bénéficiez. Vos réponses nous seront essentielles pour identifier de potentiels leviers de développement et accompagner le territoire dans sa transition agroécologique, paysagère et alimentaire !
Toute recherche scientifique ne pouvant être prise au sérieux que si, et seulement si, l’échantillon est suffisamment représentatif, nous vous remercions par avance de votre contribution à tous et de le diffuser au maximum ! Un questionnaire sera diffusé dans les jours à venir.

L'avancée des projets

1-Trame Verte Tilloy-et-Bellay : une nouvelle vidéo

Symbiose présente, au travers d’une nouvelle video, le projet de Tilloy-et-Bellay dans la Marne qui constitue un espace test pour une trame verte à l’échelle d’un village.
Tilloy_et_Bellay_en_video
Jean-Marie Delanery, agriculteur dans ce village et référent du projet qui mobilise 15 exploitations sur 1 850 ha, y présente les objectifs, les mesures mises en place, l’accompagnement proposé aux agriculteurs et la raison pour laquelle il s’est investi dans ce projet. https://www.youtube.com/watch?v=ycq4s1an8l8

2-France Relance : Plantons des haies

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Symbiose, la Fédération des Chasseurs (FDC51), la chambre d’agriculture (CA51) et la FDSEA de la Marne ont répondu à l’appel à projet national «Plantons des haies» lancé par l’Etat au printemps 2021. L‘objectif est d’instaurer 7 000 km de haies et d’alignements d’arbres intra-parcellaires sur la période 2021-2024, dont 930 km sur la région Grand Est.
Suite à la communication réalisée par Symbiose et ses partenaires, plus de 120 agriculteurs marnais se sont manifestés. Au 21 janvier, plus de 70 agriculteurs ont été rencontrés par la Fédération des Chasseurs de la Marne et 35 dossiers ont été déposés auprès de la Direction départementale des territoires (DDT), représentant 40 km de haie, soit plus de 32 000 arbres ! 15 km de haie sont actuellement en cours de plantation. Ces haies permettent de favoriser la biodiversité autour et à l'intérieur des cultures et des vignes. L’objectif de Symbiose est d’atteindre 90 dossiers déposés à la DDT fin 2022.

3-Apiluz 2021 : objectif dépassé

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Après avoir dépassé l’objectif fixé (1 700 km) avec 1 842 km de bandes de luzerne non-fauchées laissées en 2021 par près de 2 400 agriculteurs sur huit départements (Aisne, Ardennes, Aube, Marne, Seine et Marne, Meuse, Yonne), les partenaires du projet préparent déjà la campagne 2022. Principal financeur du projet aux côtés des coopératives et autres structures agricoles et apicoles, Lidl s’est engagé à soutenir Apiluz en 2022 et 2023. L’objectif pour cette année est également d’impliquer la filière apicole, premier bénéficiaire des BNF, dans le projet et de trouver les moyens de pérenniser le projet sur le long terme.

4-Parcours pédagogique

Suite à la communication réalisée en juillet 2021 vers les maires des communes de la Marne sur la possibilité d’installer un Parcours pédagogique sur leur territoire pour sensibiliser le grand public à la biodiversité, la mairie de Suippes est entrée en contact avec Symbiose pour en installer un sur le Parc de la Buirette.
Berru_Parcours_Pédagogique (1)
Ce dispositif a également été repris par Epiterre pour être proposé à un grand financeur privé qui pourrait le mettre en place sur plusieurs départements (Landes, Rhône et en Bretagne). Cela permettrait de faire reconnaître les actions de Symbiose hors de la Champagne-Ardenne.

5-Compensation éolienne : deux nouveaux projets

éolienne
L’objectif est de proposer aux porteurs de projets éoliens un projet de compensation, d’accompagnement ou de réduction de l’impact de l’implantation des éoliennes via des éléments de biodiversité mis en place par des agriculteurs. Deux nouveaux projets sont suivis dans la Marne par Symbiose depuis fin novembre chez Total Energie à Vesigneul et Moivre.

6-Trame bleue : démarrage de deux projets

L’association élargit son champ d’action avec plusieurs projets en réflexion concernant la Trame Bleue. Un projet de protection des mares dans les prairies du Chaourçois (Aube) va se mettre en place avec la FDSEA de l’Aube, nouveau partenaire de Symbiose depuis l’automne dernier. Un second projet va être déployé dans l’Aube et les Ardennes pour restaurer et développer des aménagements d'hydrauliques douces (fascine, haies denses, mares…). Un financeur potentiel est intéressé.
mare trame bleue

Projets en réflexion

GRT Gaz : entretien des bandes de servitude

GRT Gaz
Symbiose (via Epiterre) a été sollicitée par GRT Gaz pour définir un cahier des charges d’entretien de leurs bandes de servitude situées au-dessus des conduits de gaz traversant les territoires avec l’objectif de mieux gérer et développer la biodiversité.
Jusqu’à présent, seul un débroussaillage était réalisé par GRT Gaz. Une expérimentation va être réalisée sur 20 km de linéaire sur la commune de Gauchy (Aisne). Si les résultats sont concluants, le mode d’entretien testé pourrait être élargi au niveau national.

La biodiversité en Champagne-Ardenne

par Jérémy Miroir, pour mieux comprendre et connaître la biodiversité de notre territoire

Le Roman de renard

Ce titre évocateur fait référence au recueil de textes du Moyen-âge écrit en langue romane. Pour anecdote, Renart (avec un t) est le nom propre du goupil (nom commun du renard en ancien français) héros du « roman de Renart ». Ce recueil narre les aventures d’un goupil rusé qui joue des tours aux hommes et aux animaux. Mais avec le temps, l’expression « rusé comme Renart » a fini par devenir «rusé comme un renard ».
Le renard n’est pas un animal très apprécié dans les campagnes. Il a longtemps fait partie de la catégorie des animaux dits « nuisibles » à laquelle se substitue dorénavant la qualification d’«espèce susceptible d’occasionner des dégâts ». Subtile évolution sémantique. Force est de constater que notre héros, ce mal aimé de renard, est encore assez fréquemment considéré comme un indésirable. D’autres, ne tarissent pas d’éloges à son sujet et louent les vertus de sa présence pour le maintien des équilibres naturels.
Renard 1

Un acteur des campagnes

Le point de vue sanitaire est souvent mis en avant pour légitimer la mise en œuvre d’une régulation constante de cette espèce. En effet, le renard roux est vecteur de plusieurs pathologies transmissibles à l’homme. C’est le cas par exemple de l'échinococcose alvéolaire, maladie parasitaire qui peut se révéler mortelle pour l'homme. Dans bien des cas, seule la prévention permet d’éviter efficacement ce type d’infections véhiculées par de nombreuses espèces sauvages et domestiques et présentes de manière diffuse dans notre environnement. Par contre, notre goupil, qui incarne à juste titre la ruse intelligente dans le roman de Renart, sait chercher sa provende au sein des poulaillers et des clapiers peu « hermétiques ». A cause de ces méfaits, notre rusé renard n’a pas bonne presse.
Mais loin de son portrait peu flatteur et souvent caricatural, maitre Renard est avant tout un acteur du roman de nos campagnes. Omnivore, il se nourrit surtout de rongeurs, de lapins, d’œufs et d’oiseaux, mais aussi d’insectes, de vers, de poissons et de fruits. Opportuniste, il adapte son régime alimentaire suivant les saisons. Il est étonnant de le voir en action quand il chasse les rongeurs dissimulés sous un épais couvert végétal. On dit qu’il « mulotte ». Chasseur principalement nocturne, le renard roux se met à découvert le jour entre novembre et février. C’est la période de rut, mais aussi celle de la rareté de la nourriture disponible.
Renard 3

Le muletage, tout un art !

Aux aguets pour repérer le moindre son émis par un campagnol, le Renard s’aide de son ouïe hypersensible. Dès qu’un bruit a été intercepté, notre goupil penche sa tête de côté et ses oreilles, en éveil, frémissent. À ce moment, il évalue la distance de sa proie à l’aide du champ magnétique terrestre. En effet, des chercheurs ont émis l’hypothèse que les renards exploiteraient des informations perçues par certaines cellules de leurs rétines comme un télémètre. Il serait le seul mammifère à utiliser cette technique pour chasser. Son odorat très développé lui permet aussi de percevoir les émanations de sa proie. C’est alors que notre goupil réagit avec souplesse et vivacité. Il s’accroupit et bondit en l’air à la verticale avant de se laisser tomber tête la première. Il plaque sa proie à l’aide de ses pattes antérieures ou la saisie rapidement avec son museau effilé. Le mulotage n’est pas une technique infaillible. En effet, une fois sur cinq, le Renard relève son museau avec, dans sa gueule, le campagnol capturé.
Renard 4
Un animal utile malgré tout
Pour conclure, il est indéniable que notre rusé Renard, à l’instar de l’ensemble des prédateurs, est un animal utile dans la nature. Observer un renard chasser est un moment passionnant qui nous rappelle toute l’importance de s’appuyer sur la régulation naturelle comme outil complémentaire dans la lutte contre la prolifération des campagnols.
Crédit Photo : J.MIROIR-ME
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Le projet « Symbiose, pour des paysages de biodiversité » bénéficie du soutien financier public de :
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